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Façonner l’âme de la nature avec Hélène

Dans son atelier, Hélène Maury façonne la céramique avec une connexion profonde à son environnement. Chaque pièce raconte une histoire unique, où l’argile se métamorphose sous ses doigts pour capturer l’essence même de la nature. Au fil de l’interview, découvrez comment la céramique est devenue à la fois sa passion et son métier passionnant. Explorez les racines profondes de ses inspirations et laissez-vous transporter par la magie qui opère lorsque son imagination créative rencontre la matière.

inspirons : Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours en quelques mots ?
Hélène : Je suis Hélène Maury, je suis céramiste-potière à la campagne dans le Lot (France). Je suis maman de deux enfants, Lou 8 ans et Saul, 22 mois. Nous vivons avec mon compagnon John dans une petite maison en pierres en haut d’une colline au milieu des champs et près d’une petite forêt, au-dessus de Figeac dans le Lot. 
J’ai grandi entre les plages du nord de la France à la frontière belge, près de Dunkerque, via les racines de ma mère, et les vacances dans le Lot, d’où mon père est originaire. Après des études d’arts du spectacle, à Lyon, j’ai travaillé pendant 10 ans dans un centre d’art contemporain en milieu rural à Cajarc dans le Lot. J’ai voyagé et vécu un an en Asie du Sud-Est avec John. Puis après la naissance de mon premier fils, j’ai eu envie d’un nouvel élan professionnel et je me suis reconvertie céramiste-potière. J’ai d’abord suivi des cours de tour de potier, auprès du potier du village, à Cajarc. Et puis finalement, j’ai installé mon atelier en fin 2020 à la maison et ensuite, j’ai commencé et finalement, en étant pas mal autodidacte aussi.

inspirons : Comment as-tu découvert ta passion pour la céramique ?
Hélène : Ça a été un peu un coup de cœur, un peu comme quand on tombe amoureux. C’était un peu fou comme projet, un peu secret aussi. Ce débutc’était mon projet secret qui me donnait une énergie incroyable. Une énergie suffisamment débordante pour me mettre en mouvement et sortir de ma zone de confort pour aller vers l’inconnu.

inspirons : Peux-tu nous dévoiler ton moment préféré dans ton processus de fabrication ?
Hélène : Dernièrement, j’ai eu énormément de plaisir à aller glaner ma terre, d’être en pleine nature, d’observer le terrain, les plantes qui y poussent. C’est une étape que j’ai envie de développer de plus en plus, car ça me permet d’être dehors et j’adore être en nature, de mélanger la terre ramassée avec des cailloux, d’autres terres de l’atelier, l’odeur de petrichor à ce moment, j’adore ! 
Ensuite, j’ai beaucoup de plaisir à être à l’atelier, cet espace à soi, c’est si précieux. J’ai besoin de calme pour me concentrer sur les pièces et l’atelier y répond complètement. J’adore faire des grandes pièces comme des vases. J’ai beaucoup de plaisir à monter les pièces lentement aux colombins, laisser la trace des doigts également en même temps être attentive aux lignes. Ce sont des moments où je suis dans le corps, dans la matière, des moments où je suis reliée au monde par les sensations et la vision, où je peux me concentrer pleinement.

J’aime faire les objets dont on a besoin au quotidien, les assiettes dans lesquelles ont fait le lien avec la terre qui nous nourrit, les vases pour les fleurs des champs cueillies en balade […] dans l’optique qu’ils soient simples, intemporels et durables.

inspirons : Comment ta propre connexion personnelle avec la nature se manifeste t’elle dans tes créations ?
Hélène : C’est compliqué pour moi de répondre à cette question comme j’ai la tête dans le guidon, mais disons que pour moi, j’ai un besoin viscéral de nature. Bien-sûr je peux aimer des shots de ville à des moments et j’ai adoré l’énergie de très grandes villes comme Tokyo, Bangkok ou New York et ce côté où ça fourmille, mais il y a toujours un moment où j’en peux plus et où je cherche littéralement les parcs, les arbres, le vert. Quand j’étais étudiante à Lyon, je me souviens que je devais rentrer max toutes les 3 semaines pour me faire le plein de vert. Juste le trajet dans les bouchons et les transports en communs me déprimaient, quand le contact avec la nature me rend vivante. Du coup je dirais que c’est presque vital pour moi d’habiter à la campagne. J’aime sentir le rythme des saisons, en ce moment c’est l’hiver et j’ai appris avec le temps à ralentir un peu à ce moment-là, à être plus sur des tâches profondes, d’introspection, de visions pour l’année à venir… Quand d’autres moments sont plus feu et dans l’action. 
J’ai aussi un lien avec les plantes par l’utilisation de cendres végétales. Je récupère les cendres auprès des foyers de mes amies qui, ici à la campagne, se chauffent au bois, que je mélange avec de l’eau et d’autres matériaux simples, type feldspath, kaolin, etc pour en faire les émaux qui recouvrent certaines de mes poteries. J’utilise principalement des cendres de chêne et j’aime l’idée de conserver un peu de la vie de l’arbre, qu’il vive encore un peu, d’un point de vue symbolique, à travers un objet qui pourra traverser les années.
Après, je crois qu’il y a un côté débrouille paysanne que j’aime beaucoup aussi. J’aime faire les objets dont on a besoin au quotidien pour la maison, moi-même, les assiettes dans lesquelles ont fait le lien avec la terre qui nous nourrit, les vases pour les fleurs des champs cueillies en balade. Je fais les objets dont on a besoin en fait, dans l’optique qu’ils soient simples, intemporels et durables. J’essaie de travailler autant que possible avec respect pour moi-même et la planète.

inspirons : Comment choisis-tu les textures, les couleurs et les formes dans ton travail pour exprimer la beauté et la diversité de la nature ?
Hélène : Quand je suis en balade, je suis en contemplation devant la beauté de la nature. Tout est motif à l’inspiration : les couleurs des feuilles des lichens, des pierres, les textures des cailloux, la couleur de la terre. En ce qui concerne mon travail, j’aime bien honorer la couleur intrinsèque des matériaux, j’aime qu’on voit la couleur de la terre sous l’émail. Pour l’émail j’utilise des matériaux très basiques et simples aussi.

inspirons : En quoi l’utilisation de matériaux locaux est-elle importante pour toi en tant qu’artiste ?
Hélène : Tout simplement, je crois que l’on a tous un rôle à jouer à notre échelle dans la transition écologique. L’art et l’artisanat n’en sont pas exempts, bien au contraire. Après, je ne suis pas parfaite et ne prône pas la perfection. Je pense que c’est important d’y aller en étant sympa avec soi-même un pas après l’autre. 
En vrai je n’invente pas grand chose dans mon travail, je m’inscris juste dans l’immense lignée des potier.es qui étaient là avant moi. Les anciens faisaient déjà de la poterie dans des endroits où il y avait de l’argile qui avait de belles qualités pour cela, faisaient déjà des émaux avec des cendres, aussi tout simplement, car les cendres se déposaient sur les pièces lors des cuissons au feu, etc… J’ai juste l’impression de renouer avec des savoirs-gestes, qui parfois, sous couvert de progrès, se sont perdus. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est un endroit qui m’obsède de réussir à refaire le lien entre les gestes ancestraux et nous aujourd’hui.

inspirons : Existe-t-il des influences artistiques extérieures qui ont contribué à façonner ton approche de la céramique ?
Hélène : Sûrement ! J’ai toujours aimé les figures de femmes libres qui tracent leur chemin, des femmes comme la danseuse aux pieds nus Isadora Duncan. J’aime aussi énormément la photographie, le travail de Lisa Sorgini, photographe australienne, sur la maternité, ou encore les photographies d’Allessandra Sanguinetti, photographe chez Magnum et notamment la série “Guille et Belinda”, sur le passage entre l’enfance et l’âge adulte dans une ferme en Amérique du sud, me touchent particulièrement.

inspirons : Parmi tes réalisations, y a-t-il un projet ou une collaboration qui t’a particulièrement marqué ?
Hélène : Fin 2023, j’ai particulièrement aimé faire les vases avec de l’argile glanée dans le Lot, pour la galerie La Lune à Dijon et pour la Boutique Brut à Nantes.

inspirons : Y a t’il des projets à venir sur lesquels tu travailles actuellement que tu pourrais nous partager ?
Hélène : Et bien, je suis contente de commencer l’année en façonnant des pièces qui étaient en pré-commande sur mon site fin 2023. Ça me tient à cœur de produire de façon juste et les pré-commandes sont parfaites à ce titre. J’étais touchée que les gens soient au rendez-vous pour ce mode de production.

inspirons : Y a t’il une personne inspirante que tu nous recommandes de suivre ?
Hélène : En ce moment, j’aime bien suivre le compte de Virginie Santini qui est naturopathe. Ses conseils pour prendre soin de son hygiène de vie au quotidien sont souvent inspirants et déculpabilisants, et son cadre de vie en Corse me donne envie de retourner sur l’île de beauté en vacances en famille, la nature y est tellement belle et grandiose !

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